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Or du Mali : grève et orpaillage

by sur 29 juin 2016

Les syndicats des mineurs appellent à une grève de cinq jours tandis que le gouvernement interdit l’orpaillage pendant l’hivernage; malaises autour de l’or malien…

Mauvaises conditions de travail dans les mines du Mali : Les travailleurs en grève de cinq jours

Par Moussa Samba Diallo – Le Républicain – 29 Juin 2016

Les leaders syndicaux de la Section Nationale des Mines et Industries du Mali (SECNAMI) et de leur centrale syndicale UNTM étaient devant la presse, le Mardi 28 juin 2016 dans les locaux de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali, pour expliquer les raisons de la grève de cinq jours qu’ils ont entamé depuis le lundi 27 juin 2016 au niveau de toutes les sociétés minières, géologiques, les sous-traitants, les cimenteries et de toute l’administration minière et industrielle évoluant en République du Mali. 

Selon eux, cela est dû aux conditions exécrables de travail des travailleurs des mines du Mali.

Selon Mahamadou Konté, le secrétaire  aux relations extérieures de la Section Nationale des Mines et Industries du Mali (SECNAMI), les travailleurs des mines et des industries du Mali  travaillent dans des très mauvaises conditions. Ainsi, indique Mahamadou Konté, tous les travailleurs des mines observent une grève de revendication et de protestation de cinq jours, les 27, 28, 29, 30 Juin et le 01 juillet 2016, au niveau de toutes les sociétés minières, géologiques, les sous-traitants, les cimenteries et de toute l’administration minière et industrielle évoluant en République du Mali.

Les pertes financières pendant ces cinq jours d’arrêt de travail sont énormes, selon le leader syndical. « À chaque fois que les travailleurs des mines et corollaires observent une grève, l’Etat du Mali perd au moins 800 millions de FCFA par jour. C’est un secteur vital de la nation, mais le ministre des mines Cheickna Seydi Ahmady Diawara fait la sourde oreille et les sociétés violent le droit des travailleurs au vu et au su de tout le monde sans qu’il ne bronche. En Guinée Conakry, au Sénégal et au Ghana les mêmes sociétés qui prévoient, en cas de licenciement, 12 mois d’accompagnement aux travailleurs ne proposent que 2 mois aux maliens. Nous n’accepterons jamais une telle politique de deux poids deux mesures et lutterons afin que la situation change et ne baisseront jamais les armes jusqu’à la satisfaction de nos points », précise-il.

Avant d’ajouter que les travailleurs des mines du Mali subissent les pires formes d’exploitation et sont exposés aux multiples conséquences fâcheuses des produits utilisés dans les mines. « Notre combat consiste à changer cette condition, ce combat nous le conduiront à bon port », a indiqué Konté, avant de faire l’état des 10 points inscrits dans leur cahier de doléances. Il a cité entre autres : les mauvaises conditions des travailleurs dans les mines et les cimenteries de Dio et de Gangounteri et leur non appartenance à la convention collective des mines en violation de toutes les dispositions légales en matière d’emploi et de liberté syndicale en République du Mali ; le manque de volonté de la part des employeurs de parvenir à un accord sur le plan social ; le non payement des primes des contractuels de l’AUREP ; le manque de conditions de travail, de formation et d’équipements dans l’administration minière et industrielle ; le non reversement des cotisations des travailleurs de la chambre des mines à l’INPS et à l’AMO etc.

Pour sa part, le secrétaire administratif de l’UNTM Issa Bengaly, a rassuré Mahamadou Konté du soutien indéfectible de la centrale syndicale pour la satisfaction des points inscrits dans leur cahier de doléance.

Interdiction de l’orpaillage : «la mesure impopulaire du gouvernement» crée la révolte

Par Tony CAMARA – Le Reporter – 29 juillet 2016

Par un arrêté interministériel aussi impopulaire qu’irréfléchi, le gouvernement a cru bon de priver de milliers de familles pendant 4 mois de leur seul moyen de subsistance, sans en proposer une alternative sérieuse : interdire l’orpaillage. La mesure peine à s’appliquer sur le terrain et le risque d’affrontement est évident dans certaines localités.

Pour justifier sa décision, le gouvernement évoque des «risques d’éboulement». L’argumentaire peine à convaincre la Fédération des orpailleurs, pour qui, «le transport et les motos Jakarta tuent tous les jours plus que l’orpaillage». Conséquence : la mesure a du mal à s’appliquer sur le terrain. Aucune surprise au regard de ce qui s’est passé les précédentes années, où l’application de la mesure a toujours provoqué des affrontements entre populations et forces de sécurité.

Il y a quelques jours, le président de la Fédération des orpailleurs du cercle de Kéniéba avait donné l’alerte : pas question de quitter les sites pour quelque raison que ce soit. Selon Lassana Camara, l’Etat n’explique pas les vraies motivations de sa décision. L’orpailleur constate qu’à ce jour, tous les sites d’exploitation ont été attribués par l’Etat à des sociétés minières. En clair, l’objectif, selon lui, est de permettre l’installation des sociétés multinationales sur les sites que les populations exploitent pour leurs besoins de subsistance.   

Un gouvernement coupé des réalités

C’est donc par un arrêté interministériel, aussi impopulaire qu’irréfléchi, que le gouvernement a cru bon de priver de milliers de familles pendant 4 mois de leur seul moyen de subsistance, sans en proposer une alternative sérieuse. Aujourd’hui, dans les localités où l’orpaillage est pratiqué, les populations sont sur les dents. Le risque d’un affrontement avec les forces de sécurité est évident. Les affrontements meurtriers entre gendarmes et orpailleurs les années précédentes, notamment à Kangaba, hantent encore les esprits.

Comment interdire l’orpaillage dans une zone où les familles ne vivent que de cela depuis des décennies ? Comment inciter des populations à «retourner dans les champs», alors que les terres cultivables n’existent plus ? Comment se consacrer à une agriculture appauvrie par manque de volonté politique, où le prix du coton est fixé ailleurs et où l’accès à l’engrais et au matériel agricole deviennent un luxe pour des agriculteurs désœuvrés ? Comment interdire l’orpaillage (fut-il pendant l’hivernage) au moment où on réattribue les sites à des sociétés minières qui appauvrissent les populations ? Aucune de ces problématiques ne semble préoccuper le ministre des Mines, incapable de promouvoir un secteur qui devrait constitue une source de bien-être pour les communautés des localités.

Lorsqu’un Etat est incapable de donner du travail à sa jeunesse (contrainte à l’immigration), incapable de donner les moyens de production à ses agriculteurs, un Etat qui privilégie les multinationales dans les zones aurifères au détriment des intérêts de la communauté des localités…souffrez de cette défiance des populations vis-à-vis du pouvoir public. Vivement des dirigeants soucieux de nos préoccupations.

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