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Nettoyage des rues sous tension à Bamako

by sur 31 juillet 2016

2016-07-31 Déqurpissage complet_émeuteDes commerçants en train de démonter leur kiosques au grand marché de Bamako (Crédit photo Studio Tamani)

Des émeutes au grand marché de Bamako suite à l’opération de déguerpissement des trottoirs

Studio Tamani – samedi 30 juillet 2016 17:05

Une opération de déguerpissement des trottoirs est lancée par le gouvernorat du district depuis deux semaines. Cette opération vise à libérer les rues pour la circulation des usagers. Depuis ce matin, l’opération a provoqué des émeutes au grand marché de Bamako. Tous les commerces sont restés fermés. Plusieurs commerçants se sont opposés aux forces de l’ordre, qui ont utilisé des gaz lacrymogènes. Selon certaines sources, les forces de l’ordre auraient blessé plusieurs personnes.Certains commerçants disent ne pas avoir été prévenus de cette opération, d’autres regrettent les pertes économiques engendrées par le déguerpissement.

Ayouba Sow a recueilli les propos de ce commerçant sous couvert d’anonymat :
« Aujourd’hui, le marché de l’emploi est saturé. Les chefs de famille qui arrivent à subvenir aux besoins dans les petites places sont déguerpis. Cela ne peut qu’augmenter le chômage et augmenter le nombre de bandits, il faut le dire, puisque quand on n’a rien à faire, et qu’on doit faire face aux charges de la famille, tous les moyens deviendront bons ».

Les forces de l’Ordre ont envahi le marché, est-ce que vous aviez été prévenus ?

« En tout, en ce qui nous concerne, nous n’avons pas été avertis, nous n’avons reçu aucune notification dans ce sens. Seulement, nous avons vu un mouvement très agité, donc, par mesure de précaution, nous avons préféré fermer nos kiosques. On est obligé de le faire, nous n’avons pas le choix, parce que en ouvrant, il y a certes les forces de l’ordre, mais il y a aussi des badauds qui ne sont là que pour s’enrichir sur les biens d’autrui. Donc, on ne peut pas laisser nos biens pillés par des badauds ».
Est-ce que vous avez eu une autorisation pour vous installer ici ?

« Oui, nous avons reçu une autorisation de la mairie, mais il faut être clair, c’est une autorisation à titre provisoire. Mais si nous recevons aujourd’hui une notification qui nous dit de laisser la place, on va le faire ».

Les autorités communales affirment que les commerçants ont été prévenus de cette répartition au moins 72 heures en avance. Toutefois, ils reconnaissent qu’il faut plus de communication pour sensibiliser les commerçants. La mairie de la commune III confirme qu’il y a eu des négociations avec le ministère du commerce et la chambre des industries pour que ces commerçants puissent s’installer dans d’autres marchés.
Bakary Séméga est le 1er adjoint du maire de la commune III.

Il a été joint au téléphone par Ayouba Sow : « Ils évoquent des raisons qui ne tiennent pas de mon point de vue. Parce que les difficultés qu’on est en train de gérer, peut-être il y a des efforts à faire encore pour la communication ».
Est-ce que les commerçants ont été prévenus en avance ?

« Bien sûr ! D’abord, on a procédé à l’annulation de toutes les autorisations sur la voie publique. Les rues ont été citées, on a fait des communiqués à la radio. Ensuite, on a envoyé nos agents remettre ces annulations aux différents occupants des trottoirs. Ceux qui n’ont pas d’autorisations, comme c’est la plupart des cas souvent, on a collé des affiches sur les kiosques en disant « installation non autorisée, à enlever sans délai » et ça c’est fait depuis longtemps. D’un autre côté, ils ne peuvent pas rester indéfiniment là-bas. Nous allons faire en sorte que les gens soient informés, que de manière concertée, on puisse libérer les trottoirs ».

Est-ce qu’il y a une autre place qui est prévue pour ces commerçants détaillants qui sont déguerpis ?

« Avec le Ministère du commerçant et la chambre d’industrie, on avait procédé à certaines installations. Il y a les Halls de Bamako. Il y a le marché de Niaréla ou Bombolini sougou. Il y a Dar Salam qui est en construction. Il y a Titibougou qui est en construction. Il y a d’autres marchés sur la rive droite ».

Le Syndicat National des Commerçants Détaillants du Mali déplore ces émeutes tout en démentant les propos des autorités communales. Selon ses responsables, le Synacodem n’a été ni impliqué ni informé de cette opération. Ils précisent aussi qu’il n’y a plus de place pour ces commerçants étant donné que les autres marchés sont saturés ou impraticables en période hivernale.

Bamaba Tidiane Kanadji est le 2e vice-président du Syndicat National des Commerçants Détaillants du Mali. Il a été joint au téléphone par Ayouba Sow : « Nous ne sommes pas du tout contents de la manière dont les choses sont en train de se dérouler, parce que nous étions dans un cadre de concertation avec l’ancien gouverneur, avec les différentes mairies pour pouvoir libérer les voies. On avait même mis une commission en place, mais du jour au lendemain, avec l’arrivée du nouveau gouverneur le SYNACODEM n’a ni été informé, ni associé à aucune opération que ça soit. Aujourd’hui, le terrain est en ébullition. On ne peut pas venir casser les investissements des gens, qui ont été faits pendant dix ans, vingt ans. On vient seulement un matin pour dire, il faut déguerpir vos kiosques, on va les casser. Et en plus de cela, on fait venir une armada de policiers qui vont jeter des gaz lacrymogènes jusque dans des cours privées. Il faut qu’on arrête cette opération, qu’on se mette autour d’une table de concertation et qu’on voit la meilleure manière de faire ce travail ».

Est-ce qu’on peut estimer le coût du dégât causé par cette opération ?

« Aujourd’hui personne ne pourra évaluer l’ampleur de ce dégât. Les gens n’ont même pas le temps de faire sortir leurs bagages. De grâce, qu’on ait pitié des pauvres Maliens et qu’on ne continue pas dans ce sens ».

 

Déguerpissement des grandes artères de Bamako : La première grande opération du gouverneur Ami Kane

Issa Kaba – L’Express de Bamako – 28 juillet 2016

Nous savons de part les actes posés dans le passé qu’elle est une femme de poigne, mais avec le nouveau poste qu’elle occupe aujourd’hui, pourra-t-elle relever les nombreux défis avec fermeté ?

C’est en tout cas la première grande opération de l’ancienne commissaire de Police n’est pas chose aisée.

Depuis sa nomination comme gouverneur du District de Bamako le 01 juillet dernier, une frange de la population de la ville  des trois caïmans ne dorme  plus que d’un œil. C’est le cas des gens qui occupent illégalement les grandes artères de Bamako. Depuis des décennies, les différents gouverneurs tentent de trouver des solutions à ce problème sans succès. Ces gouverneurs, pour la plupart des cas ont échoué à faire déguerpir les  commerçants détaillants, les vendeurs à la sauvette qui occupent ces lieux.

Mme Sacko Aminata Kane qui a donc été récemment nommée à ce poste, vient de prendre la décision de nettoyer complètement ces coins.

En effet, depuis le vendredi 22 juillet dernier, une grande opération de déguerpissement a démarré au niveau du grand marché de Bamako. Cette fois-ci, c’est la gendarmerie qui est mise à contribution pour mener cette opération en compagnie des agents de la voirie. Les grandes artères sont bouclées dès la matinée par les gendarmes et les agents de la voirie. Ils dégagent les étalages et autres matériels qui empêchent la fluidité de la circulation.

Cette opération constitue un coup dur pour les commerçants qui occupent ces lieux. Cette première grande opération de l’ancienne directrice de la brigade des mœurs est très mal perçue par ces commerçants.  Elle paralyse le commerce des propriétaires  de boutiques qui font face à ces artères, car les routes restent bloquer pendant des heures. Cela empêche les clients de faire des mouvements.

En plus des commerçants, il y a aussi les transporteurs qui prennent en mal cette opération à cause de la même situation. L’accès de plusieurs endroits devient impossible. C’est pourquoi, les chauffeurs de taxis et de « Sotramas »  acceptent très mal cette situation.

« L’occupation des artères par ces détaillants n’a jamais été appréciée par les Bamakois. C’est pourquoi, chaque fois qu’une opération est engagée pour les faire dégager, elle est bien appréciée par la population. Cette nouvelle tentative non plus ne déplait pas aux Bamakois, surtout quand c’est une dame de fer comme Ami Kane qui prend la décision », précisent certains Bamakois.

Un enseignant rappelle ce qui suit : « Je pense que l’avenir de Mme Sacko dépend de cette opération. Si elle parvient à mener cette opération jusqu’au bout le reste de son travail sera plus facile. Les Bamakois sauront que c’est la même Ami Kane qui est là. Au cas contraire on dira qu’elle est devenue politique comme ses prédécesseurs. On ne sait pas ce qui empêchait ceux-ci d’aller jusqu’au bout des opérations entamées ».

En tout cas, d’autres grands chantiers attendent l’ancienne commissaire du 11earrondissement comme : l’insalubrité, l’insécurité grandissante, l’organisation des élections communales à venir mais aussi la divagation des animaux dans les rues de Bamako. Connaissant bien sa fermeté et sa rigueur, elle est appelée à assurer toute la transparence de ces élections.

Aujourd’hui donc, tous les yeux sont braqués sur le grand chef de Bamako.

 Ami Kane augmente l’impopularité d’IBK

Boubacar Yalkoué – Source: Le Pays – 28 juillet 2016

Depuis quelques jours, la capitale malienne vit un évènement  à deux visages. Il s’agit bien de l’opération de déguerpissement enclenché par l’actuel gouverneur du District de Bamako. En mission, elle est chargée de rendre Bamako propre, la capitale africaine choisie pour abriter le sommet France-Afrique en début 2017. Connue pour son attachement à certains principes durs, Ami Kane dans cette mission refuse tous conseils qui pourraient la dévier de sa trajectoire. ‘’Force restera à la loi’’. Telle est sa vision et cette philosophie a fait ses effets. De milliers de maliens qui se débrouillent dans l’informel sont contraints de libérer l’espace dit public qu’ils occupent à défaut se voir emballés avec leurs articles et jetés loin de  la ville.

Cette ambition de faire de Bamako une ville coquette, le fils du Président, le super Président de la Commission Défense à l’Assemblée Nationale a l’habitude de l’effleurer lors d’une séance plénière à l’hémicycle. Ce jour, sa déclaration n’a pas reçu un soutien même si l’idée est pertinente car il s’était substitué membre ou président d’une autre commission chargée de ces affaires à  l’AN.

Kane tout le monde la connait. Elle s’en fout de ce que les gens pensent dans ses prises de position. A-t-elle été proposée par Karim au roi du Mandé ou Président du Mali pour cette mission kamikaze échouée par les prédécesseurs ?

Une chose est claire. Certes il est nécessaire de désengorger les voies publiques aujourd’hui afin de rendre la circulation plus fluide, mais la manière a manqué et la politique se bute  à plusieurs faits. Kane a fait des sensibilisations, mais la stratégie devait aller au-delà. Identifier des sites appropriés, et faire l’opération de façon graduelle, étape par étape.

Au-delà de cette remarque, cet acte augmentera sans nul doute l’impopularité d’IBK. Kane vient de jeter des milliers de jeunes diplômés maliens et des pères de famille, qui évoluent dans l’informel, dans le chômage et cela augmentera également le rend de ceux qui réclament aujourd’hui au chef de l’Etat les 200 000 emplois promis.

Déjà dans les rues de Bamako, l’amer regret résonne dans les prises de parole. Nombreux sont ces commerçants qui ont été des soutiens inconditionnels au plébiscite d’IBK. Aujourd’hui ils parlent de ‘’YABE’’.

IBK tiendra son sommet France-Afrique dans une ville coquette comme souhaitée par le fiston national, mais politiquement il met la tronçonneuse, en marche, dans sa côte de popularité.

 

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